La coupe de la déchéance dans ces terres où semble s'effriter le sentiment humain....

Une prière tintée de mots doux pour asséner des coups insidieux à l'effervescence de la vie, des intentions sonnant des lueurs d'espoir pour flouer l'imminence du désespoir, aigrir les circonstances derrière le prétexte des lois, que s'entonne l'hymne aigre dans la cathédrale de l'inquiétude et que la précarité s'affale dans la lumière que vaut le verbe vivre, que les plaintes s'éructent des langues pour maudire ce choix d’être ici, que les visages deviennent sinistres et tristes, presque stupéfaits de cette gifle qui attise le dénuement dans les amplitudes élevées de la peur d'avoir trouvé un lieu de répit entre les hommes, assigner dans le cœur la résilience des âmes seules et éperdues dans le silence de la solitude, imbibant le regard du vide de la déchéance. Ces hommes loin de chez eux se sont tus, les yeux humbles de cette souffrance que leur offre cette hospitalité qui les détruit autant que la menace qui, hier, a failli leur prendre ce qui leur restait encore d'existence qu'ils ont cru sauver en traversant et bravant d'énormes dangers et risques pour enfin respirer l'air de la liberté dans ces contrées du vieux continent. Ils s'y sont bien arrivés après avoir dérivé sous le vent et au gré des vagues sur la méditerranée, sur les rives italiennes, ils posèrent le pied à terre, l'esprit épris de satisfaction d'avoir enfin une opportunité de revivre et de palper l'inaltérable dignité de l'homme que prône le vieux continent à travers le monde entier jusqu'à instiguer des fratricides conflits afin que triomphe le cantique de cet idéal dont est constitué ce texte centenaire trouvant ses racines dans la sanglante histoire de la liberté dans l'hexagone où siège la nation de Jeanne d'arc.
A peine qu'ils arrivent, voilà que s'élève la salve de stéréotypes malencontreux dont la désinfection à l'image des bêtes d'une ferme; ils sont passés au nettoyage forcé, qu'aucun coin de leurs anatomies malingres et éreintées par l'éprouvante traversée ne soit épargné par les eaux de la purification, qu'aucun pli de leur intimité ne puisse manquer d’être mouillé afin de le rendre pur, selon le standard de la prodigieuse civilisation qui les prend, en attendant les procédures administratives d'accueil et enfin le droit à l'hospitalité que le vieux continent n'assume plus que par hypocrisie que par sentiment humain.
Nettoyés, livrés au monde avec le précieux statut de pauvre; ils sont comblés de mépris, de dédain. Ils se rendent compte de ce misérabilisme qui fait d'eux des apories ne pouvant que recevoir l'indifférence: cette inattention dont les comblent d'autres hommes ou encore cette stupéfaction au comble du mépris qui leur rappelle qu'ils ne sont que des intrus dont personne ne veut, inséminant dans leur dignité la fécondation de la déchéance; dans leurs yeux se dessinent sans coup férir les contours de la mélancolie et de la nostalgie. Ils ont compris qu'au-dessus d'eux il y avait des hommes et qu'ils ne sont que des demi-hommes à parfaire dans la complétude.

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