La nouvelle voisine...
Elle me regarde derrière l’enclos
des fleurs qui entourent son jardin. De loin dans sa propriété, des pins
s’alignent au garde à vous. La voûte céleste est bleue, une infinitude bleuâtre
qui teint avec uniformité le vaste étendu sans fin que mes yeux cherchent de
ceindre dans une passion désabusée. Le monde parait renaître d’une hibernation, les chants ininterrompus
des oiseaux retentissent sous un soleil ressuscité dans sa majesté lumineuse.
Son regard me plait, ma bouche se tait, et devant ma conscience où mes
sentiments comparaissent, mon cœur confesse toute sa naturelle dévotion devant
ce charme auquel il ne sait résister. Du coin de l’œil, j’aperçois ses
hésitations, elle tente de lever sa main droite, mais elle se rétracte. Ses
lèvres s’agitent un instant, aucun son n’en sort, puis elle porte sa main sur
sa bouche luisant de rouge. Je continue de travailler, mes gestes perdent de la
célérité, feins une complète immersion dans la taille de mes crotons, mais
déjà, je me rends compte des erreurs entre les premières coupes et les
dernières – j’arrête la mascarade.
Quand je me retourne de son côté,
elle avait détourné le regard depuis pour se concentrer à la plante de boutures
des fleurs. Elle avait fait des trous dans le sol humide de son jardin où elle
plantait ce qui me parut comme des hibiscus à travers ces feuilles entremêlées
de mauve et de vert. Avec entrain elle posait son geste, une chansonnette
s’entendait de sa petite besogne.
Un vent doux et frais souffla, sa
jupe se souleva, mon corps se crispa devant le beau spectacle de ses jambes
galbées, ses courbes affinées qui donnaient de la magnificence à ce slip blanc
qui emballait sa bonté féminine. Par instinct presque sa main s’abattit sur son
postérieur pour empêcher le décollement total de ce bout de linge dont elle s’était
couverte. Elle se redressa et essuya son front d’où coulait une sueur humectant
les commissures de sa bouche fine. Le goût salin plut à sa bouche, qui fit les
contours de ses lèvres dans un geste circulaire tendre et rapide. Puis ses yeux
se redirigèrent de nouveau vers le lieu où je travaillais.
Cette fois enfin, nos regards se
croisaient, nos yeux se regardaient, tout le dialogue passait par ce face à
face agréable où les attitudes prédisposaient les cœurs à une complicité tacite
avant que naissent les paroles humbles et aimables, qui tissent l’amitié et la
confiance. Son visage plein de fraîche jeunesse portait un tendre ravissement
qui émerveillait mon esprit qu’il m’était difficile de garder le silence de mon
calme ; dans le fin fond de mon être, des mots s’enlaçaient et
s’entrechoquaient, mais je me taisais pour ne point briser la magie de
l’instant que nous partageons dans cette complicité de
regards. « Bonjour, me dit-elle, je m’appelle Anastasia, je suis
votre nouvelle voisine », J’acquiesçais de la tête avant de renchérir avec
une voix tardive… « Bonjour, je m’appelle Alain, votre voisin
désormais », elle eut un sourire tacite, puis s’approcha de la clôture et
me tendit sa main. Je la serrais avec délicatesse tellement je la sentis douce
et fragile. C’est ainsi que je fis la connaissance de ma belle voisine
Anastasia.
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