Dans l'abside de Bacchus...

Je percevais les assauts répétés de cette allégresse libertine voulant imprégner ses marques sur ma volonté. Une séduction insidieuse pour le contrôle de ma volonté faisant de la résistance. Je voyais poindre une lumière qui me dévoilait la grandeur d'une liberté désinvolte, une simplicité suave dont pouvaient se revêtir les grandes conneries paraissant subitement et légèrement accessibles. Je me débattais pour que la maîtrise de soi ne s'estompa point, il fallait paraître plus que normal dans ce spectacle où la moindre petite inattention s’interprétait comme un signe d'éviction de la raison. Mais aussi il ne fallait pas oublier le train de conversation ambiante où chacun des mots prononcés ne devait point s'écarter du contexte au risque d' être pris comme un égarement préjudiciable : un élément à charge contre l'auteur de l'ineptie. Je luttais pour ne pas perdre ma lucidité, pour ne point me laisser entraîner dans la plénitude de l'inconscience. Dans ma tête, un étourdissement lent était actionné en toute douceur, il était puissant au point que je sentais sa force douce me prendre avec délicatesse pour un tour dans la voie lactée malgré mes refus téméraires. Petit à petit, je commençais à lâcher du lest, je me sentais dominer, entrain d' être possédé. Des mots sortaient de ma bouche à l'emporte pièces, et je ne savais vraiment en mesurer l'impact. Ma conscience s'amenuisait peu à peu, je savais que son inévitable dissolution était enclenchée, et que rien, ni personne ne pouvait l' empêcher.
Plus qu'irréversible était le processus qui m'avait pleinement échappé. Malgré cela, je m' entêtais à ne point jeter l'éponge, puis ce fut l' extinction complète de la raison : l'aube obscurcie du soleil de l'oubli. Je perdais déjà le nord et l'honneur.


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