Mundele Ndombe ....Blanc Noir ....

De l'indifférence doublée de condescendance, voilà ce dont me gratifiait ma voisine après une salutation polie dans ce bus où je venais de monter. Je m'asseyais malgré moi à ses cotés puisque j'avais déjà enclenché le mouvement. Je ne pouvais m' empêcher de réfléchir sur cette indécente réaction d'autant plus que cela se passait entre nous : elle est africaine et noire comme moi, et cette couleur de peau que nous partageons est comblée des préjugés et des discrédits dans l'histoire de l'humanité -notre héritage commun. Dans le ronronnement régulier de ce bus électrique, j'imaginais la litanie de discours que nous tenons contre le racisme et la xénophobie pendant que nous excellions dans un dédain viscéral entre nous. Certains sont convaincus d’être la caricature parfaite de l'occident et de ses mœurs dites modernes, qu'ils ne voient seulement les autres comme des attardés et des déconnectés à travers qui le retard de l'Afrique dans le concert des nations serait justifié. Quant à eux, ils étaient les évolués de la post colonisation autant que ceux qui ont remplacé les colons après les indépendances. Cette opposition entre arriérés et évolués semblait bien collée à notre passé historique, et nous poursuivait dans le futur bien des années après la colonisation. Un mal transgénérationnel.
Un sourire succinct traversait mes lèvres, la tête se secouait instinctivement pour avaliser le désaveu proclamé dans le fond de la conscience. J'adoptais l'humilité de la tristesse devant l'arrogance de la condescendance. C'était triste ce que l'acculturation avait inséminé dans nos têtes. Nous excellions dans l’imbécillité de l'incivilité quand nous nous rencontrons sur le vieux continent, où les premiers arrivants sont convaincus d’être plus modernes que ceux qui viennent d'arriver. Le mimétisme était imparfait car la copie n'était pas l'originale.