Elle ne m'était plus qu'un souvenir : Irina...
Je venais
d’accompagner une femme pour qui j’avais le béguin, n’ empêche qu’il subsistait
encore en moi les reliques d’un amour non dissous, qui s’était solidifié comme
une matière redevenue brute qu’il fallait nécessairement polir : une
passion s’était endormie dans mon cœur comme un volcan en hibernation , il
suffisait d’une image correspondante à sa substance vitale pour qu’elle se
mette de nouveau en fusion.
Un manque surgissait de nulle part et m’imposait un
déficit sentimental, une absence que je ne savais combler même avec tous les
moyens de communication dont je disposais.
Irina ne m’était
plus qu’un mirage insaisissable, un vent qui ne pouvait s’éterniser dans cette
bienséance qu’il me procurait. Elle avait depuis bien longtemps coupé les liens à
la fois intimes et amicaux entre nous. Rien ne subsistait même dans la
version la plus platonique et pudique de l’amitié.
Nous n’étions plus que deux
inconnus sur cette terre des hommes, loin des intimités et de la complicité qui
nous liaient jadis, comme deux anonymes se croisant dans la rue en toute indifférence
l’un de l’autre de ce qu’il adviendra pour ses lendemains.
Et pourtant, cette
perspective ne m’était imposable qu’en partie, car il suffisait d’une petite réminiscence pour que je sentes encore l’intact amour teinté d’une pleine
dévotion que je ressentais pour Irina.
Irina ...un nom qui retentissait des fois
dans le fond silencieux de ma quiétude paisible sous le froid du Vaud, ainsi pour me consoler, je
noyais alors mon regard dans ce beau paysage d’automne pour laisser couler ma
mélancolie dans ce charme de dame nature.
Le bus venait de s’ arrêter à ma
station de descente, je posais mes chaussures à terre, et je regardais ses
lumières se perdre dans l’obscurité de la nuit parmi d’autres sur cette
chaussée abondamment fréquentée.
Il disparaissait avec les cheveux de cette
femme me rappelant une autre femme de qui je ne savais plus rien, qui pourtant
ne cessait de m’ être bien chère : un aveu que j’admettais en âme et conscience.
Peut être qu’un jour, je la reverrai pour juste de nouveau m’exposer sous la
lueur tendre de son regard, entendre le son de sa voix, me mirer dans les
pupilles de ses yeux verts, revoir son sourire...
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