La haine : un désir insupportable .

Il m’est arrivé d’ essayer de haïr, de garder une rancœur pour nourrir ma haine, mais il m’était bien impossible d’y arriver, la méchante vertu ne m’était point accessible. Elle était bien lourde à supporter et à porter, et d’opportunités pour être investi de ses pouvoirs lugubres m’étaient légion. Combien de lésions n’ai je pas supportées injustement parce que des gens ont bien voulu faire de mon destin un laboratoire de leurs sinistres instincts ; mais l’humanité en moi finissait toujours par triompher de la fulgurante intensité de ma colère : elle la terrassait par la platitude de sa quiétude. 
Je n’étais pas fait pour haïr. 
Malheureusement, j’ai été à bien de fois la cible de cette vengeance silencieuse et déguisée ou encore ouverte. Avec le temps, j’ai appris à la lire dans l’aura des attitudes bienveillantes : apercevoir la quintessence du mal lorsqu’ elle s’y était embusquée. 
Je regardais la vie, non avec effervescence des plaisirs charnels, mais avec la piété allègre de la plante de pied sortant de la fournaise douce d’une chaussure pour être posée sur un pavé frais. Je me réjouissais non pas de la sensation, mais de la tranquillité envoûtante qu'elle apportait à l'esprit - une véritable possession.  
J’avais cette pleine fraîcheur imbibant mon regard d’une maîtrise passive qui va au delà des sens, palpant l’apothéose d’une béatitude placide qui ne se célébrait que dans les profondeurs insondables de l’homme que je suis. 
J’atteignais le paroxysme d’un mutisme paraissant congénital, le regard vidé de toute expression. 
Je ne vivais plus que par l’homme intérieur, par ses sensibilités invisibles, insaisissables mais perceptibles par l’homme extérieur : je vivais l’autarcie de l’âme. 
J’ exerçais l’homme intérieur à sonder les dédales de ce palais mystérieux qu’est l’âme humaine, afin d’y trouver les ressources suffisantes pour rendre l’homme extérieur capable de supporter les péripéties de la vie

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