À deux pas du trépas:Extrait de mon roman...

Mes agresseurs se concertaient dans le noir pendant que je me lamentais sur mon sort. Et au moment où je m’apprêtais à m’asseoir par terre, un coup de pied violent me secouait la nuque. Comme si tout s’éclatait dans ma tête, une déconnection d’une source d’énergie, je n’avais pas mal, le noir absolu emballait le peu de lucidité qui restait, je m’affalais dans la touffe pestilentielle d’immondices. Un ronflement lent de douleur à peine entendu, une petite flamme de raison refusait de s’éteindre, je ne voyais plus des ombres. J’entendais comme au loin la salve d’intimidations déversée sur mon être. Des bribes d’insultes prononcées avec rage. Je semblais inhiber dans l’ivresse de mon inconscience, un flou m’éloignait de la rigidité de l’instant lugubre que je vivais, ou je survivais plutôt. Et puis j’entendais comme un gong, l’ordre vociféré avec véhémence d’une voix autoritaire :
-Boma ye sikoyo (tue le maintenant)…
Des cliquetis retentissaient brièvement d’un trait bref de cette machine de la mort fauchant des vies depuis la nuit de la modernité de la mort. Un engin pour vite tuer. Dans l’incertitude des minutes à venir, le poids de la solitude lugubre, cette obscurité où j’allais embrasser la mort noire dans cette lueur acre obnubilant l’instant. Cette nuée sinistre dans l’air du trépas avide de m’accueillir. De confession chrétienne, je savais que j’allais embrasser Mon Dieu qu’à condition d’être sain : sans péchés. Et dans le plus profond de soi, une prière s’enlevait pour demander pardon de tous mes écarts de la morale chrétienne et, aussi pardonner ceux qui m’ont offensé comme le dit la prière de notre père. J’imaginais alors l’extinction de la vie, l’arrêt de mon métabolisme, les convulsions des derniers moments quand tout s’éteignait, quand le souffle s’en allait. 

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