Soliloque (43)....

-Dans ma famille, il existe quelques personnes comme toi, qui ont la passion d’aimer jusqu’en souffrir. Je fais presqu’exception à la règle. Je peux aimer mais jusqu’en souffrir, jamais. Je ne pense pas que cela m’arriverait, disait elle dans un orgueil latent. Elle paraissait remplie d’une seconde audace comme une force en veille dans laquelle elle se ressourçait. Elle me brandissait cette capacité comme un trophée.
-Alors si tu n’as jamais souffert d’avoir aimé ce que tu n’as jamais aimé, concluais- je en claquant mes mains sur la table.
-L’homme de ma vie, je vais le choisir comme avais fait ma tante. Quand elle l’a voulu, elle s’est investie pour le séduire et aujourd’hui, ils vivent ensemble dans le même foyer, rétorquait-elle comme la parade contre ma réponse, son verre soulevé de sa main fragile et lisse collait déjà ses lèvres charnues et pulpeuses où brillait un rouge à lèvres léger. Une quantité modeste avait été mise dessus. C’était beau à voir. Elle sirotait son vin rouge lentement puis déposait le verre.
-Les hommes comme les femmes, je pense qu’il faut commencer par les aimer avant tout, car je trouve qu’en termes de sentiments parler de choix ; c’est un peu abusif dans le sens que le choix ouvre la perspective de l’usage et de la résignation de l’usage de l’objet du choix. Alors qu’aimer est un serment spontané qui te pousse vers l’autre, une allégresse ne souffrant d’aucune infirmité qui t’amène à faire le bien de l’autre, parce que convaincu qu’il a compris autant que toi ce que vous valiez ensemble et réciproquement malgré les différences, lui expliquais-je doucement, mes mains s’agitaient autant que mes lèvres.

Avait- elle compris ou avait elle eu l’humilité de comprendre, je ne savais pas trop ce que cachait son calme depuis je m’étais mis à parler. Accepter d’être en face d’une manière autre de parler et réfléchir est une forme d’humilité et de tolérance en ce  que l’univers ne devrait pas seulement se résoudre à ma façon de voir le monde. L’humanité est une et plurielle. Il ne faut pas la réduire à ton propre monde. C’est en cela que je pense résumer le verbe aimer,avais je continué sereinement regardant ses yeux fixés sur mon visage.

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