Extrait de mon roman...
Je gravissais
rapidement les marches de l’escalier jusqu’au troisième niveau. De nouveau il
fallait aller se présenter devant une petite secrétaire pour se faire annoncer.
Avec une gentillesse mécanique, la jeune femme dodue et vêtue d’une blouse et d’un
pagne de wax hollandais emballant son corps rond comme un ballon, me conduisait
vers la salle d’attente. Elle avait un accent pendant dans son français
impeccable de congolais du centre (elle était muluba) et, son teint clair aussi
ne faisait que confirmer mes présomptions. Elle s’arrêtait à une porte qu’elle
tenait entrouverte et, me disait en souriant :
- Asseyez-vous
ici le temps que je ne reçoive l’ordre de vous faire entrer. Sa finesse
balayait d’un revers de la main la foire d’aigreur à laquelle j’étais mêlé
depuis le matin. Mes instincts d’homme voulaient assumer ma sensibilité, les
formes replètes de cette femme semblaient me rappeler que la solitude que j’avais
choisie était un mauvais choix. Mais je me ravisais que l’instant n’était nullement
propice à laisser transparaitre quelques sentiments charnels. Ainsi je m’asseyais
sur le canapé où s’étaient installés deux autres types moins vieux et, sur les fauteuils,
deux vieux en tenue traditionnelle : pagnes de raphia recouvrant le torse à
moitié nu où pendaient des chainettes faites de coquille et des lianes séchées, un
accoutrement rustique ne pouvait qu’enterrer la discrétion à mille lieux sous
la terre et, attisant la flamme de la curiosité.
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