Soliloque(39)...
Alors ma déclamation
retentit stridente et tintante avec des sonorités pertinentes. Entonnée par une
voix lente afin que sa musicalité n’échappe à personne. Que chaque sonnet
illumine la gaieté d’être en ce lieu. Je savais ce que je voulais produire à
travers ce poème et, j’étais sur de mes capacités. Un cantique mélodieux et aigre.
A peine que le dernier ver se terminait, une salve d’applaudissements
se fit entendre. De part et d’autre des regards indulgents convergeaient sur ma
modeste personne. Je me remettais sur ma table. Une coupe de vin de rouge m’était
servie. Et j’entendis sa voix en français. Une petite phrase tendre sortant des
profondeurs de l’improviste. Une surprise que je ne pouvais imaginer en ce lieu
où j’étais sur que tous ne parlent qu’espagnol.
-La prochaine fois,
il faut parler un peu plus fort, me dit elle. Un peu plus fort. Je me
retournais pour voir la femme qui venait de me parler. Alors devant mon regard hébété,
une face pleine d’innocence, timide derrière ses lunettes claires avec cette
monture noire. Une coupe de cheveux impeccable accentuant cet air bon enfant qui
lui colle à la peau. Quand nos yeux se rencontrèrent, elle sourit avec langueur
et gêne.
-Tu parles
français ?lui posais bêtement encore la question avec cette stupéfaction
que je ne savais cacher.
-Si, me répondait-elle,
je suis canadienne.
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