Extrait de mon roman....
L’homme avait un
visage sévère, des traits renfrognés accusant une rigueur presque naturelle. Il
me souriait mais la gravité de son regard restait pendante ; un air proche
d’une attitude militaire. Ne l’aurait il pas été dans cette ère communiste de
la patrie au cep et au marteau ? Une carrure physique robuste aussi ne
faisait qu’accentuer mes doutes. Dans cette trame de la circonstance, il était l’unique
opportunité qu’il me fallait saisir. Une trêve de réflexions me fallait il
aussi pour saisir cette main tendue vers le chemin de la solution. Une lueur
pouvant m’éclairer loin de l’obscurité de mes tourments. De son fauteuil, l’homme
sortait un appareil photo, puis me demandait respectueusement :
-Puis je vous
prendre une photo pour le passeport ? Un pragmatisme qui me semblait un
peu hâtif puisque nous n’avons ni parlé du coût, ni de l’itinéraire à suivre
pour quitter le continent.
-Si, mais……Je me raclais
la gorge, me redressant convenablement du le lit, j’aspirais une bouffée d’air profondément
et je continuais :
-Je veux bien
faire la photo…. mais j’aimerais bien savoir, comment nous quitterons ici ?
Par quel trajet ? Jusque dans quel pays européen ? Et surtout combien
cela peut il coûter ?
Un peu embarrassé
à coté, Norbert reprenait la parole d’un ton mou, presqu’inaudible .Ses mains
se frottaient instinctivement et ses lèvres entrouvertes laissaient échapper un
son monocorde, des zozotements pendant quelques secondes, puis subitement, la
voix se faisait compréhensible et plein d’autorité.
-Ils ont demandé
15.000 dollars, mais c’est à débattre de toutes les façons, nous t’aiderons,
c’est garanti car nous en avions parlé avec Gaston Ghenda .Alors c’est mieux d’entamer
les démarches, concluait- t-il.
Quand Norbert
finissait sa phrase, d’une sérénité que rien ne pouvait perturber coloriant son
visage, l’homme se levait en un seul mouvement et venait se mettre face de mon
regard perplexe et vide. Ses mains ajustaient ma tête par le menton. Puis deux flashes
transperçaient d’un trait la lueur du jour. C’était fait, et aussi le début de
mon départ. Juste une photo comme point de départ d’un long périple que je ne savais
imaginer dans mes rêves bien qu’homme des lettres. De nouveau ma langue se déliait
pour se décharger des doutes s’y amoncelant à la grande surprise de Norbert
dont les paupières s’écartillaient brusquement.
-Je tiens à
savoir quel est l’itinéraire, avais je insisté. Et je vous avancerais sur le
champ déjà 8000 dollars, maintenant même. Mes mots sonnaient comme un
marchandage forcé mais l’anxiété me rendait plus volubile, et difficile de
penser et de ne pas parler.
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