Soliloque (55)....

Je l’accompagnais chez elle. La première intention qui me traversait l’esprit fut de m’arrêter sur l’avenue où passe le tramvia, mais les gouttelettes de pluie commençaient à tomber. Alors nous avions décidé de nous asseoir au coin de son avenue à même le sol à l'abri. Nos vélos garés l’un contre l’autre. De nouveau comme des gamins passionnés et pubères, imbus des sentiments mutuels, nous parlions. Nos voix s’entremêlaient au fracas de gouttelettes de pluie en trombe s’écrasant sur l’asphalte et le béton.
Elle avait un visage transfiguré, une immersion dans un délice inouï, son sourire épanoui dans nos intermèdes de silence mouillait plus que les eaux de pluie ma sensibilité d’un cœur réjoui. Dans une ambiance langoureuse, nous échangions de petites blagues, des mots sensuels, les mains se faisaient plus que baladeuses, nos lèvres s’enlaçaient et se desserraient sous cet air frais parcourant le moment avec témérité, des éclaboussures d’eau de temps à autre effleuraient nos vêtements sans vraiment perturber notre attention. L’instant était ludique, idyllique et lyrique.

Le pavé où nous étions installés était imprégné d’un froid arctique, pourtant le déclic pour nous le faire détester n’arrivait point, au contraire nous y avions encore étalé une petite nappe pour s’y mettre. Entre le bruissement des eaux de pluie, les fracas de gouttelettes sur les pétales de fleurs et les feuilles des arbres, ainsi que le souffle martial et insolent du vent à travers les rues désertes de Benimaclet ; il transpirait en sourdine une placidité indescriptible dans laquelle semblait se mouvoir ce concert tonitruant. Elle avait posé sa tête sur mon ventre d’où je sentais le rythme de sa respiration paisible et infaillible.

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