Soliloque(50)...
En arrivant chez elle,
nous avions garé la voiture. Elle se moquait du capuchon de ma pelisse
recouvrant ma tête malgré la chaleur. Le soleil, comme agonisant sous l’étreinte
du froid à venir, libérait ses dernières énergies de l’été. Le printemps s’annonçait
déjà timidement. Le rire lui faisait un grand bien. Elle s’en infusait bien des
fois. Déjà ce fut la première chose que je remarquais en elle, la blague. Je me
suis toujours méfié des gens à l’ironie facile car ils disent des vérités dans
le délire des histoires à l’emporte pièces, et qu’il faut être beaucoup plus attentif
pour déceler la limite entre la farce et le postulat énoncé dans ce
cafouillage.
En attendant l’ascenseur,
nous croisions sa fille ainée descendant l’escalier. Alors elle lui relatait ma
première journée à la mer avec enthousiasme. J’en riais aussi car ce fut un
instant vraiment agréable et amusant. Une fois que nous entrions dans son appartement,
son visage redevenait grave. L’éclat de ce mépris latent occultait son charme
qu’elle paraissait plus comme Karaba dans Kirikou. Elle m’avait acheté des phares
pour ma bicyclette. Sa boite à outils vite prise, elle me les installait. Je
comprenais ce qui se passait dans sa tête. Je faisais semblant de ne rien
constater si ce n’est qu’attendre qu’elle eût eu fini et, prendre mon engin
pour dégager de cette atmosphère malsaine. Quand un mal se faisait surabondant
injustement dans une relation intime, le silence est la meilleure réponse de
celui qui le subit. Difficile pour le poète de ne rien dire. Il se taisait mais
saignait de sa plume. Avant de partir, le rituel de la bise d’au revoir à contrecœur,
je la laissais faire aussi. Tout n’était plus qu’un effort de bon sens qu’une spontanéité
d’un cœur ivre d’amour. Je plaignais ma sensibilité de poète pouvant lire dans
les profondeurs obscures de son âme; comment ce tsunami de maux triturait son
esprit dans la prestidigitation des apparences.
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