Soliloque (40)...
Heureusement je n’ai pu articuler d’autres mots .Je le voulais ainsi et,la servante qui se représentait m'offrait une belle opportunité. Elle se
raclait la gorge attirant notre attention. Je la laissais donc choisir ce que
nous allions manger. Déjà l’exercice m’embarrassait au plus haut point. Les
poches vides n’ont pas toujours un avis à donner quand ce sont les espèces
sonnantes et trébuchantes qui retentissent. Je préférais donc le silence des
fauchés que l’exploit embarrassé d’une aisance obstinée. Alors je me taisais un
peu gêné. Elle pointait les plats me demandant mon avis après quelques
explications sur les ingrédients de chacun. Elle en connaissait assez de cette
cuisine espagnole depuis les 20 ans passés à Valence. Un amas de choix ,me
semblait elle avoir fait depuis qu’elle parlait. Une petite facture salée en
perspective je m’imaginais, ainsi le sourire accompagnant mes agréments
devenait aigre et plus obstrué. Une envie de lui dire qu’elle avait assez commandé,
mais cela aurait été inopportun et moins galant parce que l’argent venait d’elle
et aussi je ne pouvais lui interdire de m’associer à son plaisir. Même dans ce
que je pensais être la démesure de son allégresse. Et je me disais : « Elle
se ruinerait pas pour se plaire avec moi, sûrement pas en tout cas ».
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