Soliloque (28)...

Alors je feins la quiétude malgré ma sédition bouillonnante dans le fond de mon être. Elle allait et venait dans la maison, rangeant un objet à gauche et un autre à droite. À peine j’existais dans son zèle de femme ménagère aigrie. Le message tacite était clair : « débarrasse le plancher » ! C’est à ce niveau  que j’appréciais la difficile expérience de vie que je traversais. J’avais acquis une capacité de supporter ce qui ne pouvait l’être hier par mon caractère impulsif. La résilience, désormais j’en étais capable. Hier, dans une situation pareille, bec et ongles, j’aurais réagi avec sévérité puisque c’est un affront à mon ego .Là, je souriais avec écarts et égards .Je me levais du canapé pour la rejoindre dans la cuisine où des bruits d’assiettes émanaient avec vivacité. Elle classait les assiettes dans sa lave vaisselle (Un jour, je me souviens qu’elle m’avait dit que cette machine à laver les assiettes était une vraie révolution pour les femmes, allusion faite certainement à la corvée dont les femmes d’hier ont été l’objet et d’autres continuent à l’être sous d’autres cieux).
-Je pars déjà, lui dis je .Elle sortit de sa cuisine feignant une gentillesse mais, passive, et vint poser ses lèvres sur les miennes. Un baiser aigre dont je percevais l’intensité répugnante. Un geste routinier, mais malgré elle, et elle n’en avait point envie.

-Adios Alain, me susurra-t-elle de sa voix pleine d’indélicatesse que sa sauce de prestidigitation ne savait atténuer.

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