Soliloque (30)...

Nous allions à l’atelier par un raccourci .Une petite rue bien courte. À peine je prononçais le premier mot et le second de ma phrase, elle me désignait la porte ouverte d’une bâtisse d’où s’apercevaient des tableaux avec des personnages à moitié dévêtus. Nous y entrions .Le type qui nous recevait était grand, mais pas autant que moi. Ses habits lui collaient sur le corps, une exigence artistique me disais je .Elle lui fit la bise avec un grand sourire ; il la lui rendit avec la même intensité. Puis elle me le présentait. Nous nous serrions alors la main avec un respect mutuel de premières rencontres. Je remarquais en lui un indice inhabituel quand les hommes se croisent. Dans son regard s’affichait une fragilité affriolante impropre à la virilité. Sa main tenait la mienne avec mollesse imbue d’une vulnérabilité inhabituelle pour un homme. Après l’homme nous entrainait à travers des tableaux où des personnages-hommes ou femmes- remplis de sensualité défiaient l’essence de la pudeur comme vertu. Chacun d’eux avait une explication ; de sa bouche grande enrobée de cette barbe talibanesque, il s’activait à nous en parler avec sérénité. À chaque fois quand nous nous déplaçons, son regard se posait sur le mien avec un appétit flegme rempli de lascivité qui me gênait. Une première fois, j’ai cru à une coïncidence .Une seconde fois, j’en ai cru autant. Une troisième fois, j’avais compris qu’il le voulait ainsi, et mon visage, bien placide, devint plein d’une froideur noire. Une rogne tacite derrière  l’atonie de mes yeux qui se le fixaient à présent.

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