Soliloque(35)....

Angel observait de loin cette conversation où j’essayais d’expliquer mon intérêt pour la peinture. Cela était facile parce que nous parlions français. La peintre nous invitait carrément à prendre une tasse de café. Elle installait quelques tasses ornées de fleurs sur une table de fortune parsemée de quelques taches de peinture ci et là.

-Qu’est ce qui vous amène en Espagne si ce n’est pas indiscret de ma part, me demandait elle, pendant qu’elle remplissait nos tasses respectives.

-Je suis journaliste et je suis en vacances, lui répondis je en souriant .Angel à coté de la fenêtre ne pouvait  contenir son sourire. La supercherie, elle s’en était rendu compte. Son regard se détournait vers l’extérieur pour ne pas croiser mes yeux et, ainsi éviter de révéler la nature de mes propos. Un mensonge brusque ou peut être une discrétion circonstancielle.

-Et, vous êtes de quel pays ? Vous parlez parfaitement français, ajoutait elle.

-Il est du Congo Kinshasa, fit irruption la voix d’Angel dans cet échange où elle semblait ne pas exister. Elle venait de parler avec autorité pour ne point être diluée dans les flots de ces paroles mutuelles. Un désir d’affirmer plus que sa présence. Alors je me ravisais dans mon élan de parler, me rappelant la nécessité de commencer par les présentations.

-Alice, je te présente Angel. Et Angel, je te présente Alice, dis-je d’une voix embarrassée pendant sur ma risette jaune. Toujours aimable et joviale, Alice tendit la main à Angel. Elle s’en saisit avec un brin d’autorité et de gentillesse. Son visage reflétait un orgueil de propriétaire rétabli dans ses droits. Une arrogance presque malgré les éclats de rire. Il fallait décompresser l’instant.

-Si nous prenions nos tasses de café avant qu’elles ne refroidissent, même si nous sommes à l’été, il a toujours été préférable de le prendre chaud Mesdames, avais je lâché pour ne pas voir l’enthousiasme se constipant en hésitations.

Ainsi nous portions alors un toast café à la peinture et au succès des tableaux d’Alice.